Impact des épidémies
Les individus, les familles et le système de santé publique subissent les graves contrecoups de la maladie
Un jeune homme désemparé veille son frère comateux dans le centre médical rural de Boussé, au Burkina Faso. |
Une étude socio-économique1 détaillée, menée pendant l’épidémie de 2007 au Burkina Faso, a montré que chaque cas de méningite dans une famille génère une dépense soudaine d’environ 90 USD, ce qui représente trois à quatre fois le revenu disponible de la famille. Les familles disposant de faibles ressources basculent inexorablement vers un niveau de pauvreté supérieur. En outre, environ 25% des survivants souffrent de séquelles à long terme (surdité par exemple). Ils sont alors moins susceptibles de compter parmi les citoyens économiquement productifs et dépendent souvent d’une famille nombreuse connaissant déjà des difficultés financières.
Cette analyse ne tient pas compte du chaos engendré par une épidémie de méningite. Ainsi les services de routine cessent: c’est par exemple le cas des vaccinations pratiquées dans les centres de soins. Les programmes spéciaux, tels que les campagnes de vaccination contre la poliomyélite ou la fièvre jaune, se voient différés. La réponse à une épidémie de méningite annule toutes les autres activités liées à la santé, car les populations ont peur et exigent une réaction. La gestion des besoins cliniques dictés par des cas réels ou suspectés de méningite comme la gestion de la rumeur absorbent l’intégralité du temps dont dispose le personnel de santé.
En outre – et c’est là le plus déplorable – la plupart des campagnes de vaccination réactives utilisant des vaccins polyosidiques sont menées trop tardivement, quand la vague épidémique est déjà passée. En conséquence, de telles campagnes ont peu d’impact si ce n’est aucun sur la santé publique, et épuisent financièrement les systèmes de santé et les économies des pays de la ceinture de la méningite.
1 Colombini A, Ouattara F, Zongo S, Bationo F. Etude socio-économique de l'impact des épidémies de méningite au Burkina Faso. Rapport d'étude. 2008.
Photo: Monique Berlier.