Contrôle des épidémies en Afrique
La vaccination préventive, c’est mieux que des campagnes réactives
Il est difficile d'organiser de bonnes campagnes de vaccination dans l'urgence. |
Jusqu’à peu, la prévention et le contrôle des épidémies de méningite reposaient exclusivement sur une détection rapide de la maladie et sur la vaccination de masse de la population à risque avec des vaccins polyosidiques bivalents A/C ou trivalents A/C/W135. Ces interventions sont massives, coûteuses et perturbatrices car elles détournent des ressources limitées dans un système de santé publique déjà surchargé.
Des lignes directrices, basées sur les taux d’incidence hebdomadaire, ont été établies afin de déterminer si la maladie a atteint un niveau d’alerte ou épidémique:
- niveau d’alerte: 5 cas/100 000;
- niveau épidémique: 10 ou 15 cas/100 000, selon la situation.
Dès que l’on identifie une épidémie, une équipe de chercheurs est envoyée sur place afin de confirmer l’étiologie de la maladie et, s’il convient, de lancer une intervention rapide. Cette intervention comprend la prise en charge des cas et la vaccination de masse de toute la population à condition que les vaccins et le personnel sanitaire nécessaires soient disponibles. Si les ressources sont limitées, il peut s’avérer nécessaire de ne vacciner que les tranches d’âge les plus à risque.
En théorie, on estime qu’une campagne de vaccination lancée rapidement (trois à quatre semaines après le début de l’épidémie) permet d’éviter environ 70% des cas.
En pratique, cependant, il est difficile, voire impossible, de démarrer une campagne de vaccination réactive si rapidement car les pays africains éprouvent des difficultés à obtenir suffisamment de vaccins en temps voulu. Par exemple, une étude publiée en 2000 par Woods et al1 montre que les campagnes de masse réactives ont prévenu seulement 23% des cas et 16% des décès lors de l’épidémie de 1996-1997 au Ghana.
Même si certaines améliorations ont été récemment apportées dans l’organisation logistique de ces campagnes réactives, il n’en reste pas moins que les responsables africains de santé publique sont de plus en plus frustrés de devoir lutter contre les épidémies de méningite avec des stratégies qui sont au mieux, modérément utiles, et au pire, inefficaces.
Vaccination d'urgence avec les vaccins polyosidiques. Source: Woods et al. 2000. |
1. Woods CW, Armstrong G, Sackey SO, et al. Emergency vaccination against epidemic meningitis in Ghana: implications for the control of meningococcal disease in West Africa. The Lancet. 2000;355(9197):30–33.
Photo: Monique Berlier.