Foire aux questions
Quels horizons nouveaux le MVP ouvre-t-il avec ce projet?
Combien de temps faudra-t-il pour éliminer les épidémies de méningite A en Afrique?
Quelle somme d’argent dépense-t-on chaque année pour la riposte aux épidémies?
Quel est le rôle de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) dans ce projet?
Comment le vaccin sera-t-il introduit en Afrique?
Quelles leçons le MVP a-t-il apprises depuis 2001 et quels seront les grands défis des prochaines années?
Développer et introduire un nouveau vaccin contre la méningite en Afrique n’est pas une mince affaire. Les règles réglementaires et techniques qui gouvernent la production d’un vaccin, les essais cliniques et la mise sur le marché du produit sont complexes. De plus, introduire avec succès un nouveau vaccin en Afrique requiert une très bonne compréhension de la manière dont les épidémies de méningite et les nouveaux vaccins sont perçus. Pour ce qui est du futur, la transition entre la phase de développement de produit, études cliniques et travail réglementaire vers la phase d’introduction signifie un changement au sein du partenariat du MVP puisque l’introduction du vaccin est la responsabilité de l’Organisation mondiale de la Santé et des systèmes de santé publique des pays concernés. Le MVP est conscient de la nécessité de bien gérer cette transition et pour ce faire, s’est assuré que les ministères africains de la santé soutiennent pleinement la stratégie de vaccination qui a été retenue. Le MVP s’efforce également de trouver le financement nécessaire à l’introduction du vaccin dans toute la ceinture de la méningite.
Quels horizons nouveaux le MVP ouvre-t-il avec ce projet?
Si le MVP atteint son objectif d’éliminer la méningite épidémique en Afrique sub-saharienne, ce sera la première fois qu’un consortium – alliant le secteur public, le secteur privé et une organisation non gouvernementale/à but non lucratif – et une fondation philanthropique (la fondation Bill & Melinda Gates) réussiront à mettre au point un vaccin qui est extrêmement nécessaire en Afrique mais qui n’aurait pas été développé par le seul biais du secteur privé. Cela pourrait créer un précédent pour le développement d’autres médicaments ou vaccins pour les pays en développement.
Oui, et ce principalement pour deux raisons: cela réduit considérablement le coût de production du vaccin, et la stratégie offre la possibilité de développer un vaccin sur la base des besoins rencontrés en Afrique. Par exemple, le vaccin sera fourni dans des flacons de 10 doses, un conditionnement qui est parfaitement adapté aux campagnes de vaccination de masse en Afrique.
Il est tout à fait exact que la méningite tue moins de personnes en Afrique que d’autres maladies, mais c’est une des maladies qui fait le plus peur, et les épidémies sont humainement, socialement, économiquement et politiquement dévastatrices. La technologie existe pour développer un vaccin sûr et efficace, et nous pouvons vraiment faire changer les choses en quelques années. Par contre, les autres maladies comme l’infection VIH ou le sida sont plus réfractaires.
Il ne faut pas non plus sous-estimer les facteurs socioéconomiques. En Afrique, la moitié des victimes sont des adolescents et de jeunes adultes avec des enfants ou une famille à charge. Une étude socioéconomique récente a montré qu’un seul cas de méningite dans une famille génère une dépense soudaine qui équivaut à trois à quatre mois de salaire ou de revenu. Les familles disposant de faibles ressources basculent inévitablement vers un degré de pauvreté supérieur. De plus, environ 25% des survivants souffrent de séquelles à long terme (surdité par exemple). Ils sont alors moins susceptibles de compter parmi les citoyens économiquement productifs et dépendent souvent d’une famille nombreuse connaissant déjà des difficultés financières.
Enfin, une seule épidémie de méningite peut paralyser tout le système de santé d’une région en seulement quelques jours. En débarrassant l’Afrique des épidémies de méningite à méningocoques, on ne va pas seulement sauver des vies; on va aussi éliminer un problème majeur de santé publique sur le continent. Cela permettra aux responsables sanitaires africains et aux autres personnes concernées de se concentrer sur d’autres problèmes de santé.
Aujourd’hui, la seule manière de contrôler les épidémies de méningite en Afrique sub-saharienne passe par une détection précoce de la maladie et par des campagnes de vaccination avec les vaccins polyosidiques. Les pays concernés utiliseront les vaccins polyosidiques actuellement disponibles – soit le bivalent A/C, soit le trivalent A/C/W. Le partenariat (Groupe International de Coordination pour l’approvisionnement en vaccin antiméningococcique) qui gère les stocks de vaccins au niveau mondial travaillera avec les fabricants pour garantir un approvisionnement suffisant en vaccins polyosidiques jusqu’à ce que la menace d’épidémies soit éliminée. Le nouveau vaccin conjugué éliminera à terme les épidémies de méningite en Afrique, mais le contrôle des épidémies continuera de reposer sur les vaccins polyosidiques pendant plusieurs années. Le risque d’épidémies existera tant que tous les pays de la ceinture n’auront pas atteint des niveaux de couverture suffisants avec le nouveau vaccin conjugué.
Combien de temps faudra-t-il pour éliminer les épidémies de méningite A en Afrique?
On ne peut pas donner de date précise, mais voici ce que nous pouvons dire pour l’instant: les campagnes de vaccination de masse, qui permettent de vacciner simultanément une grande partie de la population, complétées par l’introduction du vaccin dans le PEV ou par des campagnes de vaccination de suivi, accéléreront le processus. Nous estimons qu’il faudra moins de 10 ans pour éliminer les épidémies de méningite en Afrique sub-saharienne (c’est à dire le temps nécessaire pour mener à bien les campagnes de vaccination de masse dans les pays hyperendémiques tels que le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Tchad, le Soudan, l’Éthiopie et les 9 états du Nord du Nigeria). L’immunité de groupe devrait être si élevée à ce moment-là qu’aucune épidémie à méningocoques A ne devrait plus survenir en Afrique subsaharienne.
Le méningocoque du groupe A est pratiquement inexistant dans les pays industrialisés, et les fabricants considèrent que le rendement du capital investi est trop faible par rapport aux efforts financiers substantiels nécessaires à la mise au point de vaccins destinés principalement à l’Afrique.
- Les méningocoques du groupe A sont prédominants en Afrique, où ils provoquent depuis longtemps des épidémies importantes. La surveillance bactériologique renforcée menée de 2003 à 2009 a montré que plus de 80% des isolats méningococciques appartenaient au groupe A. En comparaison, le groupe W135 est apparu relativement récemment et les épidémies liées à cette souche sont limitées à un seul pays (Burkina Faso, en 2002) – les cas survenus dans les autres pays restant des cas isolés.
- Le projet MVP et ses groupes consultatifs en Afrique ont donné la priorité à un bénéfice maximal en santé publique dans les délais les plus courts et au coût le plus bas. C’est pour cette raison qu’ils ont décidé de développer un vaccin ciblant le groupe responsable de la majorité des cas de méningite à méningocoques en Afrique: le groupe A. Les responsables sanitaires en Afrique ont aussi estimé qu’un prix de 0,40 USD la dose permettrait de facilement intégrer ce nouveau vaccin dans les budgets existants alloués à la vaccination. De plus, le développement d’un vaccin monovalent permet de prévoir l’introduction du vaccin dès 2010.
- Bien qu’il soit techniquement possible de développer des vaccins antiméningococciques conjugués bivalents, trivalents, voire tétravalents, cela allongerait le calendrier de développement de plusieurs années. Ceci dit, il est possible que la prochaine étape dans la lutte contre la méningite en Afrique soit un vaccin conjugué polyvalent au coût abordable.
Quelle somme d’argent dépense-t-on chaque année pour la riposte aux épidémies?
C’est difficile à dire. Si l’on tient compte uniquement du traitement médical et de la vaccination, les estimations les plus prudentes tournent autour de 30 millions USD par an pour la ceinture de la méningite. C’est un minimum. A cela il faut ajouter le coût humain qui, lui, se mesure en vies définitivement perdues ou gâchées par la maladie. Cette estimation ne tient pas compte du fait que pendant les 6 à 7 mois que dure l’épidémie, les services de santé se retrouvent souvent dans l’incapacité de fournir d’autres soins essentiels à la population, tant ils sont accaparés par les préoccupations liées à la gestion des urgences épidémiques.
Même avec une thérapie agressive, les taux de mortalité et de morbidité sont très élevés pour la méningite bactérienne. C’est pour cela que les vaccins ont été si utiles dans la prévention de la méningite à Hib aux Etats-Unis et en Europe. La situation est encore plus difficile en Afrique où les systèmes de soins de santé actuels sont mal équipés pour donner des soins d’urgence à ceux qui en ont besoin. Un vaccin qui offre une protection à long terme contre la maladie est la seule solution à long terme au problème posé par les épidémies de méningite. Il faut aussi tenir compte de la résistance grandissante aux antibiotiques, un phénomène omniprésent dans le monde entier et qui est causé par la surconsommation de ce genre de médicaments. Les antibiotiques ne sont tout simplement pas la solution au problème des épidémies répétées qui touchent de vastes populations en Afrique.
Le don de 70 millions USD couvre la recherche vaccinale de base et le développement du vaccin, c’est-à-dire le lancement du projet, le travail préclinique, et la production de données cliniques suffisamment puissantes pour montrer que MenAfriVac™, le nouveau vaccin antiméningococcique conjugué A, peut être utilisé à grande échelle afin de prévenir les épidémies. Les fonds nécessaires aux études supplémentaires (études épidémiologiques, microbiologiques, et de portage, par exemple) et à l’introduction du vaccin devront venir d’ailleurs. Il faudra environ 475 millions USD pour couvrir la population cible sur une période de 10 an (environ 1,2 USD par personne – 0,40 USD pour le vaccin + 0,80 USD pour les frais d’administration du vaccin). Le MVP s’active à trouver le financement qui garantira l’introduction du vaccin dans toute la ceinture de la méningite.
Quel est le rôle de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) dans ce projet?
La GAVI a toujours montré son intérêt pour le projet car il représente un changement important dans la manière de développer et d’introduire de nouveaux vaccins. En 2008, le conseil exécutif de l’Alliance a approuvé un fonds de 29 millions USD pour l’introduction du vaccin conjugué MenA dans trois pays de la ceinture de la méningite (Burkina Faso, Mali et Niger) En 2011, l'Alliance a donné 100 millions USD pour l'introduction de MenAfriVac™ au Cameroun, au Nigeria et au Tchad. On espère que l’Alliance restera un partenaire essentiel lorsque MenAfriVac™ sera introduit dans le reste de la ceinture de la méningite.
Oui. Le MVP a toujours compris que le projet ne pouvait réussir sans la participation et la coopération des gouvernements africains. En avril 2000, des délégués de pays africains et de méditerranée se sont réunis à l’Organisation mondiale de la Santé afin d’évaluer diverses propositions de développement d’un vaccin conjugué. En accord avec diverses organisations multilatérales, les fabricants de vaccins et la communauté scientifique, ces délégués ont approuvé les objectifs du MVP tout en soulignant que les stratégies actuelles de préparation et riposte ne sont pas suffisantes pour prévenir les épidémies. Ces délégués ont marqué leur accord pour le développement immédiat d’un vaccin conjugué mais ils ont aussi beaucoup insisté sur le fait que le prix du vaccin devait être largement inférieur à 1 USD la dose pour avoir un impact positif sur la santé publique en Afrique. Le MVP a bien compris l’importance du coût du vaccin pour le succès du projet et est parvenu à obtenir un vaccin pour l’Afrique à un coût de 0,40 USD la dose.
Depuis sa création en 2001, le MVP consulte régulièrement les responsables de la santé publique en Afrique, et le projet est guidé par un groupe consultatif composé de scientifiques, médecins, et responsables de la santé publique africains.
Les ministres de la santé des pays de la ceinture africaine de la méningite ont une nouvelle fois montré leur engagement à introduire le nouveau vaccin antiméningococcique conjugué A destiné à éliminer ces épidémies de méningite dans ces pays (lire la déclaration de Yaoundé du 4 septembre 2008, pdf 35 kb).
Comment le vaccin sera-t-il introduit en Afrique?
MenAfriVac™ sera initialement introduit lors de campagnes de vaccination de masse destinées aux personnes âgées de 1 à 29 ans. Les campagnes actuelles de vaccination contre la rougeole et la méningite sont bien acceptées par la population africaine et le MVP utilisera une stratégie identique. Il existe une forte demande en Afrique sub-saharienne pour un vaccin antiméningococcique conjugué et le MVP crée des partenariats avec les systèmes de santé nationaux dans chaque pays concerné. Une seconde étape consistera à vacciner les nourrissons par le biais du Programme élargi de Vaccination (PEV).